Quand la notion de “mourir” s’invite chez vous

Nous voilà un soir de mars, tout le monde a fini de dîner et s’apprête à aller au lit, quand tout à coup le glaive d’une nuit blanche vient de s’abattre dans votre logis. 

“Mamaaaaaaaaan, j’ai peur, je ne veux pas mourir”. Alors les parents, on répond quoi à ça ? Vous avez 4 heures.

La notion de la mort au fil des âges

Depuis la mythologie égyptienne le sujet de la mort est mis sur la table. Les égyptiens pensaient que la mort n’était pas une fin en soi, mais plutôt un passage vers autre chose. C’est ainsi que ce peuple a mis au point toutes sortes de rites sacrés afin de faciliter le passage dans l’autre monde. Personnellement, si je pouvais éviter d’avoir affaire à Anubis et de me faire aspirer le cerveau, je ne dirais pas non.

Avec l’arrivée des religions monothéistes, le débat a encore évolué avec cette peur d’atterrir dans le mauvais monde.  Paradis ou enfer : telle est la question. 

Les peuples avaient davantage peur de ce qui allait se passer pour eux après la mort, que la mort en elle-même. Alors il fallait rester bien sage tout au long de sa vie pour que la sentence au purgatoire ne soit pas trop difficile à supporter. Nous avons tous eu cette idée de se dire qu’un jour, nous allons mourir. Nous avons tous une date de péremption que nous ne connaissons pas encore.

De nature positive, malgré mes lubies de mère au bord de la crise de nerfs, je me suis toujours dit que mes enfants et moi allions mourir de vieillesse, sans souffrir, entouré d’amour. Il est évident que je vis certainement dans le déni.  Mais pour en revenir à la mort, et au fait de quitter ce monde, je ne m’imagine pas mourir dans un terrible accident ou d’une maladie grave. J’espère ne pas me porter l’œil en rédigeant ces quelques lignes. Moi et ma chance, vous connaissez !!

Je sais que cela va arriver un jour et pour dire vrai, j’espère que mon tour viendra le plus tard possible. En revanche, que mon fils de 6 ans se mette à paniquer en pensant à la mort… à sa mort, ça jamais je pensais le vivre si tôt. 

Comment expliquer la mort à un enfant ?

Comme je vous le disais, tout le monde était au lit, Jeff était au boulot et moi, mon verre de vin à la main, je m’apprêtais à regarder la saison 1 de Sex and the City. Le combo parfait pour une soirée de rêve. Mais comme toujours dans la vie de Zoé, une vice s’est logée dans la roue. Théo 6 ans hurla le célèbre et légendaire “Mamaaaaaaaaaaan, viens viiite, j’ai peur”. C’est LA phrase où tu sais d’ores et déjà que ce n’était pas un verre de vin qu’il fallait boire, mais plutôt un grand café, car la nuit va être longue, très longue. 

Mais comme toutes mamans qui se respectent et par ambition de ne pas réveiller les autres enfants de cette maison, je me précipite sur son chevet pour comprendre le problème et le consoler.  “Maaamaaan je ne veux pas mourir, j’ai peur”. Il paraît logique qu’il n’allait pas mourir, de plus, nous sommes en période de vacances scolaires, ce qui implique que ce n’est pas à l’école qu’il a entendu parler de la mort. Et je vois mal le sujet évoqué là-bas, sauf si l’éducation nationale tente d’un génocide parental ! Mais alors qui lui a mis cette idée dans la tête ?

Je tentais de comprendre d’où venait le problème, mais autant vous dire que le récit d’un enfant de 6 ans traumatisé et aussi clair et limpide qu’une dissertation rédigée par les marseillais à Cancun. En résumé, il a peur de mourir tout seul, car il va s’ennuyer et qu’il ne sait pas encore en quoi il va se réincarner. Il a peur de devenir un pigeon et il déteste les pigeons. 

Super, mort et réincarnation au menu !

J’avais tellement envie de pleurer avec lui. Pourquoi moi ? Qu’est ce que j’ai fait de mal pour que le karma se charge de moi ainsi ??? C’est un enfant, il faut être simple et pragmatique. On évite de parler des cas d’école. Je lui expliquai que c’était les personnes très très vieilles qui mourraient et que donc il n’avait pas à s’en faire. De plus, si tu travailles bien à l’école et mange des fruits et légumes, ta vie sera longue et belle. C’est alors que je me suis prise une balle perdue : “mais maman tu vas mourir bientôt alors !”. 

Faites des gosses franchement, vous allez voir c’est sympa, ça gonfle votre égo !

Que dit la science… ou internet ?

Je réussis à le calmer et après une super histoire sur spider man qui sauva le monde, je pris mon ordinateur pour savoir comment parler aux enfants.  Soyons francs, il s’est endormi, mais la boîte de pandore à été ouverte ! Il reviendra sur le sujet. Mais en regardant sur internet, je trouvai un article disant qu’il fallait leur expliquer, tout simplement, qu’une personne disparaît et qu’elle ne reviendra jamais sauf dans les souvenirs.  Super, non vraiment merci. On sent que le rédacteur a des enfants (sarcasme +++). 

Mais tous les sites sont unanimes, il faut être franc et sans ambiguïté. Mais alors pourquoi suis-je incapable de lui dire la vérité ?

Un enfant est en âge de parler de la mort dès 3 ans. Et au fur à mesure de sa vie, il peut y être confronté et se poser des questions. Les spécialistes de la petite enfance sont unanimes, il faut leur parler avec franchise et avec des mots simples. C’est en tombant une vidéo youtube, de la maison des maternelles, que je suis tombée sur cette auteure : Hélène Romano. Elle a réussi à traiter le sujet dans un ouvrage “L’arbre et l’ombre de la lune”. 

Il est temps pour moi, de me mettre à la lecture. https://www.youtube.com/watch?v=-vEsbBF9PTY&ab_channel=LaMaisondesMaternelles 

Hélène Romano, explique qu’il ne faut pas écarter les questions des enfants car cela fait partie de leur développement. Il ne faut pas hésiter à utiliser des métaphores comme l’image d’une fleur qui bourgeonne pour phaner plus tard.  En d’autres termes, c’est le cycle de la vie ! Mais dans l’idée, il ne faut pas hésiter à lui montrer que beaucoup de choses autour de lui naissent, grandissent et finissent par disparaître pour laisser la place à autre chose. Les feuilles qui vivent au rythme des saisons, les fleurs. Cela rejoint un peu sa vision de la réincarnation. Même si le concept ne sera pas abordé dans l’immédiat hein. 

Mais dans l’idée, il ne faut pas montrer notre peur à nos enfants. Nous pouvons utiliser les livres jeunesse, afin d’aborder le sujet avec des mots et des images qui leur sont dédiés. Une chose qui est sûre, il ne faut pas éviter le sujet ou minimiser les questionnements de l’enfant. Car il est en train de se forger, et parler de la mort fait partie intégrante de sa vie. 

La mort un sujet tabou

J’ai beau tourner et virer dans ma tête, s’il me redemande, je dois lui dire la vérité. Je ne dois pas diaboliser la chose, mais être franche. Mais je m’en sens incapable. J’ai tellement peur de lui faire de la peine.  Je me demande si ce n’est pas moi qui ait davantage peur de la mort que lui. Imaginer que la vie peut prendre fin, même le plus tard possible est angoissant quand on y pense. Je songe à mes parents avançant dans l’âge. Traiter de ce sujet me met face à la sombre réalité de la vie.  Zou, il est temps de devenir une adulte responsable et de prendre la vie telle qu’elle est en face. Oui, nous allons tous mourir un jour c’est ainsi. 

Mais quand je pense à la vision de Théo et de se dire qu’il est possible que nous nous réincarnons en autre chose, je me dis que les égyptiens n’avaient peut-être pas tort. Et si, de penser que notre âme sera encore là quelque part à vivre et revivre de folles aventures, était la solution pour aborder plus aisément ce sujet. 

Après tout, qui sait réellement ce qui se passe après la mort ? Puis c’est toujours plus gay, que de lui dire qu’il sera soit bouffé par les vers 6 pieds sous terre, soit brûlés puis jeté quelque part. Qu’en pensez-vous ?